Trouvant ses assises dans l’exploration de processus picturaux, ma recherche est essentiellement expressionniste et formelle. Plus précisément, j’explore les qualités plastiques de la matière en jouant avec la ligne, les contrastes chromatiques, mais aussi par une alternance entre l’opacité et la transparence, entre le mat et le lustré. C’est aussi un exercice entre le contrôle et une adaptation aux aventures que la matière propose.

Les références de l’œuvre se retrouvent à l’intérieur, c’est donc en explorant les nuances avec les jeux de comparaisons et d’associations qu’un dialogue s’établit dans la construction même. La qualité plastique de la ligne demeure le point de départ de la majorité de mes œuvres. Elle permet de contenir des couleurs, circonscrire des formes. Elle guide mon geste et traduit mon mouvement, comme une danse que j’entreprends avec la composition. Le résultat oscille entre abstraction et figuration où l’expression de soi témoigne d’un processus intuitif, expressionniste.

Alors que le sujet de mon travail est la qualité même de la matière, les thèmes abordés ne sont qu’un support ou un prétexte à ce jeu d’exploration. Que ce soit la recherche de titres comme Rien à comprendre, Un pont pour Gauguin, I am a pretty monster, Mosaïque délinquante… ou bien l’étude de techniques : peinture avec le feu, essai sur le vinyle et la fluidité, les œuvres abstraites me permettent d’explorer la tache et les jeux chromatiques alors que j’utilise la ligne pour suggérer des compositions plus près de la figuration.

Pour donner formes à cette recherche, je dépose le pigment sous forme de lignes sur des films de plastique créant ainsi des pellicules et des feuils de substances colorées que je superpose par un transfert de couches sédimentaires. Sans connaître ce que l’œuvre sera, c’est la dernière couche qui sera la première visible de toutes les superpositions de couches. Comme des pages qui gardent en mémoire les traces d’une histoire. J’archive des moments présents, j’archive des états d’âme.

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Peinture en direct, Galerie Philippe, Rosemère, 1998